Nouvelles Nouvelles, Nouvelles Frères
8 août 2018

IN MEMORIAM (Tomás Àlvarez)

Après quelques jours d’hospitalisation, le père Tomás Àlvarez  Fernández (Thomas de la Croix) est décédé à Burgos à l’aube du 27 juillet. Il était né le 17 mai 1923 à Acebedo (León), Carme Déchaux depuis le 6 août 1939, jour de sa première profession. Il fut ordonné prêtre le 23 juin 1946. Il était un des plus grands spécialistes de Thérèse d’Avila des dernières décennies.

Sa vie a été très féconde, d’intense, d’enseignement et de recherche, mais par-dessus tout il vivait profondément le charisme et la fraternité thérésienne, comme le meilleur service à l’Ordre et à l’Église.

C’est une figure qui déborde le milieu du Carmel, ouverte aux amples horizons ecclésiaux et culturels. Sa longue et intense trajectoire ont fait de lui une référence obligée pour le thérésianisme et pour les études de notre culture actuelle.

Sa vie couvre un grand espace de temps et d’aires géographiques : Europe, Amérique et, plus concrètement, Italie, France, Allemagne, Royaume-Uni, grâce à sa participation à des congrès et à la traduction de ses écrits dans les principales langues modernes. Parmi ces traductions on peut souligner l’édition critique des œuvres de Sainte Thérèse de Jésus en français et en italien. De même, la traduction récente aussi du Dictionnaire de Sainte Thérèse, publié par la maison d’édition Monte Carmelo de Burgos et traduit par les éditions du Cerf en France et les éditions OCD en Italie.

Son immense labeur s’est déroulé à Rome (1948 – 1978) puis à Burgos (1979 – 2018). Ses études à l ‘Angelicum le mirent en relation avec Karol Wojtyla, dont la thèse de doctorat sur Saint Jean de la Croix fut publiée pour la première fois grâce à lui dans la revue Monte Carmelo de Burgos en 1948.

Mais ses études se concentrèrent durant de longues années à la Faculté pontificale de théologie des Carmes de Rome (Teresianum). Elle a été la grande plate-forme de son magistère. Là il dirigea la Positio du doctorat de Sainte Thérèse, proclamé par Paul VI en 1970 et mit en œuvre une lecture théologique du thérésianisme à la lumière du Concile Vatican II, dont se sont nourries les générations suivantes.

Un autre grand apport, depuis le Teresianum de Rome, a été la restauration et l’édition critique des manuscrits de sainte Thérèse : Chemin de perfection et Château intérieur. Puis à Burgos l’édition fac-simile du reste des œuvres thérésiennes, avec un minutieux apparat historique et critique.

Au cours du cinquième Centenaire de la Naissance de la Sainte (2015) il publia le commentaire de chacune de ses œuvres et mena à bien une recherche exhaustive des lettres et de tous ses manuscrits autographes qui sont conservés à l’Escorial (plus de 1000 pages).

Personnellement j’ai toujours eu une grande admiration pour le père Thomas. Comme bibliothécaire du Teresianum depuis 2011, j’ai eu l’honneur de faire connaître son immense travail aux élèves et aux chercheurs. La chance m’est donnée d’être comme le témoin et le porte-voix de son magistère dans le domaine des lettres, que notre mère sainte Thérèse a tant loué, et que le père Thomas a cultivé avec tant de soin et un si grand amour. Je le lui disais peu de jours avant sa maladie, et il m’a répondu avec humilité et sagesse que tout était l’œuvre du Seigneur et de son grand amour pour Thérèse de Jésus.

 Ciro Garcia ocd ( bibliothécaire du Teresianum , Rome)