Du samedi 31 décembre 2022 au mardi 10 janvier 2023, le Secrétaire pour la Coopération Missionnaire, le Père Jérôme Paluku, au sein de notre Ordre a séjourné à Goma, en République Démocratique du Congo. L’objectif était de projeter, dans la région, un centre socio-culturel qui aura comme objectif prévenir les conflits interethniques par les activités socio-culturelles et sportives. Ce fut l’occasion de palper avec ses doigts la réalité complexe de la région.
A quelques deux kilomètres de l’Aéroport International de Goma, sur la route menant vers le territoire de Rutshuru, on aperçoit des petits abris en bâches. Plus on avance, plus ces abris de fortune deviennent nombreux. À Kanyarucinya, 6 kilomètres plus loin, c’est inimaginable : des scènes macabres qu’on ne peut décrire. Plus de 53000 personnes, déplacées de guerre, oubliées de tous et ignorées de tous, vivent dans des abris de fortune : sous des bâches, des abris en paille ou juste une moustiquaire, exposées à toute sorte d’intempérie. A l’origine de cette situation : la guerre entre un groupe terroriste dit M23 (Mouvement du 23 mars – soutenu par l’armée rwandaise selon nombreux rapports de l’ONU) et les Forcées Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), l’armée nationale.
Plusieurs massacres ont été perpétrés sur les civiles dans la région. À Mungote, dans la localité de Kitshanga, dans le territoire de Masisi, plusieurs personnes ayant échappé au massacre de Kishishe, le 29 novembre, s’entassent là aussi dans des abris de fortune. Selon une enquête préliminaire de l’ONU, au moins 131 civils ont été exécutés ce jour-là par le M23 soutenu par l’armée rwandaise. Le gouvernement de la République Démocratique du Congo parle de 273 personnes massacrées. Ce groupe et leurs alliés sont aussi accusés de viols, enlèvements et pillages, commis sur la population civile. En un mot, la cruauté y a atteint son paroxysme.
C’est dans cet environnement que travaillent nos frères Carmes dans la ville de Goma. Comme on peut se l’imaginer, pas facile pour eux qui voient et vivent les affres de cette guerre innommable loin de l’attention des décideurs internationaux. Que dire de toutes ces populations déplacées et oubliées de tous ? Il n’est pas rare d’entendre des lamentations telle que : « si nous étions des Ukrainiens, on aurait pensé à nous, on nous aurait aussi envoyé des armes pour nous libérer de ces terroristes ».